Commémoration internationaliste de nos disparu-es

Enquête et rituel pour terminer les rencontres "Les peuples veulent", Montreuil 23 oct 2022

Collectif - 28 novembre 2022

Ce moment est né d’une proposition des membres d’Enquête Critique suite aux discussions et à l’organisation d’une première commémoration lors des rencontres pour des Universités de la Terre en août 2022 à Lachaud.

Pour préparer cette commémoration , les membres d’Enquête critique et un membre de l’organisation des rencontres (autour de la Cantine syrienne) ont échangé avec les militant‧e‧s présent‧e‧s tout au long du festival. Nous avons posé quelques questions sur les pratiques de commémoration communes déjà vécues et sur les pratiques qui ne seraient pas acceptées selon certains contextes. Nous avons cherché à réunir ces éléments afin que chacun‧e des militant‧e‧s présent‧e‧s durant ce moment puisse se reconnaître, partager et découvrir d’autres pratiques.

Ces échanges nous ont permis de récolter de nombreux récits de commémoration de martyr-es et de disparu-es à travers le monde et les luttes. Nous avons mis en commun ces résultats avec les ressources de l’équipe organisatrice du festival et nous avons proposé un rituel composé à partir de ces expériences. Celui-ci a été validé à plusieurs reprises par les activistes tout au long de la semaine de préparation, et nous avons récapitulé le scénario en plénière juste avant de commencer.

Le dimanche soir, à la fin des rencontres, en coopération avec les activistes et les organisateur-ices, nous nous sommes ainsi retrouvées avec plusieurs dizaines de personnes ayant participé au festival ou venues assister à la clôture. Ensemble, nous avons marché depuis l’AERI(un des lieux accueillant les rencontres à Montreuil) jusqu’à la place de la Fraternité en tenant un fil rouge. Issu des pratiques de résistance à la dictature puis repris dans le cadre des luttes récentes au Chili, ce fil symbolise le lien entre les personnes vivantes, disparu-es et l’avenir des luttes féministes et des combats pour l’émancipation.

Arrivé-es sur la place, un cercle a été dessiné à la craie et des bougies ont été distribuées à chaque personne en invitant chacun‧e à les allumer et les déposer sur ce cercle en pensant ensemble à nos disparu-es. Le fil rouge a également été déposé en cercle.

Des militant‧e‧s ont alors pris la parole à tour de rôle :
 Fatou Dieng et Fahima du réseau d’entraide Vérité et Justice, sur l’importance de l’auto-organisation et de la mémoire de celleux dont la mort reste impunie - concernant les victimes de violences policières.
 Martial Pa’nucci rappeur du Congo et du Burkina Faso a chanté "Rêve d’oiseau" en mémoire à Kizito Mihigo militant rwandais mort le 17 février 2020 en cellule, arrêté à deux reprises par l’État Rwandais pour une chanson considérée comme "menace pour le gouvernement".
 Un militant ayant participé à la commémor’action à Zarzis (Tunisie) , a rappelé la nécessité de se rappeler des disparu-es en mer méditerranée durant leur migration de l’Afrique du Nord et de l’Ouest vers l’Europe.
 Serge du collectif Budhurna Juzurna, a diffusé la chanson "Yotba3" du rappeur libanais El Rass signifiant que la lutte est encore à venir même si le pays est mis à pied.
 Brita Haj Hassan, ancien président du conseil local d’Alep et Lina Ismail de Shiraka Community Supported Agriculture ont pris la parole ainsi qu’une camarade chilienne Yoana Acosta , de l’organisation Teijido Mujer pour rappeler la nécessité de se rappeler que les mort‧e‧s ne se comptent plus dans chacune des luttes et qu’iels continuent à nous motiver à agir et à habiter nos esprits.
 Une chanson appelée "we remember" de Aydin, camarade de la lutte de défense de la foret d’Atlanta , a invité chacun‧e à se remémorer le‧s mort‧e‧s durant leur lutte.

Ce moment s’est terminé en allumant des flambeaux et en clamant collectivement les slogans de lutte de différents pays et contextes, dans toutes les langues :

"Jin Jiyan Azadi !", "El pueblo unido jamas sera vencido !", "Shaab yourid Is9at Annidhem !", "Pas de justice, pas de paix !"

Ce moment de partage et d’émotions nous a donné du pouvoir et de la force pour poursuivre nos luttes dans une perspective mondiale. Nous voulons continuer à mener cette enquête sur le temps long pour récolter ces témoignages d’expériences issues du monde entier, les mettre à disposition et les partager, afin de construire des pratiques internationalistes.