Faire Bloc

Déclaration du Réseau Entraide Vérité et Justice. Marche contre le racisme du 27.11.2021

13 décembre 2021

Aujourd’hui le Réseau d’Entraide Vérité et Justice, parmi d’autres collectifs en lutte, fait bloc, contre le racisme, les violences, et crimes d’État.

Le Réseau d’Entraide Vérité et Justice, est un ensemble de collectifs d’ici et là-bas.
Antifascistes, de familles de victimes tuées par la police, la gendarmerie. Des personnes mutilées et blessées par la police, des familles qui ont perdu un proche tué en prison, ou suite à des disparitions forcées.

Ensemble, nous résistons, face aux douleurs infligées par l’État. Nous n’avons pas attendu la médiatisation, pour constater que la police, la gendarmerie, la prison, violent mutilent, blessent et tuent !

Nos collectifs, ce sont des personnes endeuillées, blessées, mutilées mais résignées à lutter contre ces gouvernements séparatistes, qui cherchent à nous anéantir par leurs discours nauséabonds, leur politique, leurs lois liberticides, depuis tant d’années en France. N’oublions pas les crimes racistes dans le sud de la France de l’été 1973, les crimes racistes et policiers des années 80 et 90.

La violence coloniale, dont le 17 octobre 1961 a été une expression massive, contre certaines populations et certains territoires. L’État français exerçait sa violence, bien avant la constitution de la 5e république.

À l’encontre des populations colonisées, en outre-mer comme en métropole. Nous avons une pensée solidaire, pour nos frères et soeurs de la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Polynésie ! Comment les évoquer sans revenir sur l’histoire, de ces soi-disant anciennes colonies ?

La politique qui y est menée est clairement colonialiste, alors qu’on nous vante les grands principes de la république. Comment ne pas évoquer le massacre de la Saint-Valentin, du 14 février 1952 ,où les gendarmes tirent sur des grévistes !
Bilan : 14 blessés, 4 morts.

Le massacre de mai 1967, où l’Etat tue au moins 87 Guadeloupéens ! C’est la réponse de l’Etat face à la résistance, quand certains défendent leurs droits ! Aujourd’hui en Guadeloupe, ce sont des hôpitaux défectueux,
des problèmes d’eau avec des coupures fréquentes, alors que la loi l’interdit.

Le chlordécone, ce pesticide interdit depuis les années 70, mais utilisé par dérogation aux Antilles jusqu’aux années 90. Près de 20 ans d’empoisonnement de tout un pays ! Et comme si ça ne suffisait pas, en 2020, Claude Jean-Pierre, jeune retraité de 67 ans, croise la route de 2 gendarmes, et finit hospitalisé, avec 2 vertèbres cassées.
Avec un état de tétraplégie, il en décédera. Sa famille se bat aux côtés des autres membres du Réseau, afin que ce crime ne reste pas impuni !Comment ne pas les soutenir, ne pas les prendre en exemple ?
Avec tant d’injustices, ils sont toujours debout, se battent pour leur liberté, le respect, et la dignité !

Les violences d’État, ce sont des crimes perpétrés par ses agents sur la population. Chaque année, et ce depuis des décennies, plusieurs dizaines de personnes sont blessées, mutilées, tuées par la police, la gendarmerie et la prison. En France ! Lors de contrôles routiers, de contrôles d’identité, que nous dénonçons comme étant des contrôles abusifs, délits de faciès...
L’Etat a déjà été condamné à plusieurs reprises, dont récemment, suite à la plainte de 3 lycéens.
Bravo à eux !

Lors de répression dans les quartiers populaires, dans les lieux d’enfermements, dans les rassemblements, lors des matchs de foot, lors des expulsions locatives, mais aussi aux frontières !

Les partis politiques au gouvernement ou dans l’opposition, associés à des organisations subventionnées, revêtues d’un faux humanisme et de mandats rancis, continuent à enrichir et à entretenir ce racisme systémique.
Plutôt que de le combattre réellement et le condamner fermement.
Depuis le gouvernement Macron, le nombre de personnes tuées ou blessées par la police, a augmenté d’année en année.

Les lois sécuritaires, racistes, sexistes, liberticides, ont justifié l’augmentation des moyens des forces de police.
En les armant davantage, les privilégiant davantage ! Face à une population de plus en plus criminalisée,
contrôlée, fichée, opprimée, précarisée. Malheureusement, pour nous, le danger ne se résume pas à l’extrême droite, ni à quelques individus politiques mal intentionnés, racistes, sexistes, homophobes, xénophobes.

Notre oppresseur, depuis toujours, c’est le système capitaliste, colonialiste, impérialiste, patriarcal !

Depuis toujours, le pouvoir s’est organisé pour sauvegarder ses privilèges, en réprimant sa population, qu’il exploite, vole, et viole ! Les violences d’État, partie intégrante de ce système, sont omniprésentes et ont toujours existé ! Elles s’étendent désormais à toutes celles et tous ceux, qui contestent la politique de ce gouvernement.

Voici quelques exemples de ces dernières années, qui démontrent les mécanismes fascisants du pouvoir...
Rappelons-nous des termes de "racailles", des cités qu’il faut "nettoyer au karcher", dits par le ministre de l’intérieur de l’époque, tandis que des milliers de personnes à ce moment-là, se révoltaient face aux violences policières !
À la mort de Zyed et Bouna en octobre 2005, morts en fuyant la police qui les poursuivait !

Deux ans plus tard, en 2007, la loi sur la prévention de la délinquance, construite par des politiques avec la ferme volonté de stigmatiser les habitant.es des quartiers populaires, les personnes racisées.

En 2007, c’est aussi l’année de l’assassinat de Lamine Dieng, mort étouffé par la police du 20e arrondissement de Paris, le 17 juin, et dont la reconnaissance du crime ne fut que 13 ans plus tard, en 2020, par la Cour Européenne des Droits de l’Homme, accusant l’État, et non ses agents.
Quelle différence ?

Les assassins sont toujours en service, sous médaille, comme dans chaque affaire de violence et de crimes. Dès lors qu’un membre des forces de l’ordre est impliqué, la loi ne s’applique plus !

Les mensonges se construisent, les faux en écritures publiques se multiplient et les témoins ne sont pas entendus comme la plupart du temps, dans de nombreux cas de violence, de crimes.

Celui de Wissam El Yamni, tué en janvier 2012 à Clermont-Ferrand, où les vidéos ne sont ni exploitées ni visionnées, par les familles de victimes.
Celui de Stéphane Fruteau, tué en janvier 2018 à la Réunion.
Ibrahima Bah, tué en octobre 2019 à Villiers-le-Bel.
Miguel Kameni, en janvier 2020 à la Réunion.
Maïcol Goncalves-​Furtado, tué en janvier 2021 à Nice.
Yanis, pourchassé et percuté en avril 2021, par une voiture de la Bac à la Plaine Saint-Denis.
Même lorsqu’il y’a des vidéos, les condamnations ne suivent pas !
Rappelons-nous la vidéo de la mise à mort en direct, de Cédric Chouviat, en janvier 2020.
Celle du tabassage en bande organisée de Michel Zecler, par des policiers en novembre 2020, dans son studio ! Ces vidéos ont pour l’instant pu dévoiler le mensonge, rétablir la vérité. Mais aurons-nous justice ?

L’impunité des policiers face à leurs crimes commis existe, tout simplement parce que l’Etat le permet !

Les morts de personnes des quartiers, de personnes racisées, de gens du voyage, de Roms, de personnes exilées, existent, puisque l’État les organise !
Les mutilations sur des personnes en lutte, le harcèlement et les intimidations sur celles et ceux qui dénoncent ce système, existent, puisque l’État les ordonne !
Nous rappelons également l’article 435-1, de la loi sécurité publique du 28 février 2017, soi disant « légitime défense », qui délivre un permis de tuer aux forces de l’ordre, comme dans le cas de Shaoyao Liu, abattu à son domicile devant ses enfants, le 26 mars 2017 à Paris 19e.
Angelo Garand, abattu par l’IGGN le 30 mars 2017, à Blois, lors d’un repas familial.
Jérôme Laronze, agriculteur abattu par un gendarme, le 20 mai 2017 en Sâone et Loire.
Gaye Camara, en janvier 2018, à Epinay.
Henri Lenfant, en septembre 2018, dans le Pas de Calais.
Olivio Gomes, le 17 octobre 2020 à Poissy.
Tout récemment, de Souheil (El Khalfaoui), aussi abattu par la police le 4 août 2021, à Marseille.
La tentative d’assassinat par balles, de Nordine et sa compagne à Stains, l’été dernier.
Et tant d’autres...

Les lois sur l’immigration, renforcent les répressions aux frontières, et dans les états qui les érigent.
Blessant, laissant mourir des personnes exilées, dont beaucoup viennent de territoires occupés par l’armée française, ces multinationales, qui pillent et exploitent ici et là-bas !

Les lois pénitentiaires, renforcent la répression, le contrôle et l’enfermement des personnes détenues, dans des conditions dégradantes et inhumaines. Criminalisées, précarisées et jugées par un Etat, dont les agents tuent aussi sous silence, à l’intérieur des prisons !

Nous pensons à la famille et aux proches de Jimony Rousseau Sissoko, tué le 25 janvier 2021, par des surveillants de la prison de Meaux (Chauconin).
Un rassemblement est prévu le 19 janvier 2022, devant le Tribunal de Meaux, pour exiger justice.

Dévoiler les mensonges, dénoncer l’injustice et exiger réparation, c’est aussi le combat que mènent dignement de nombreuses familles de détenu.e.s tué.e.s, ainsi que leurs proches.
Comme celle de Sambaly Diabaté, tué par des surveillants à la prison de Saint-Martin de Ré en 2016.
Ce courage de 5 années de luttes, a permis d’ouvrir le procès des 7 maton.nes impliqué.es, qui aura lieu les 29 et 30 novembre (2021), 8h30 au Tribunal de la Rochelle.

N’oublions pas les lois islamophobes, qui renforcent le racisme d’État, ainsi que le sexisme, en stigmatisant les femmes voilées, les personnes musulmanes...Construisant avec véhémence et sans répit, l’image d’un ennemi intérieur qui ne serait rien d’autre que l’étranger, l’envahisseur, le violeur, l’assassin.

Nous ne sommes pas dupes !
Nous savons qui assassine, viole, blesse, mutile et enferme !
Nous savons qui est notre ennemi, celui qui, armé et dangereux, produit du racisme, fait monter le fascisme,
violente, ment et menace, chaque jour et chaque nuit, partout où la résistance se construit.
Celui qui tue alors qu’il doit protéger, secourir et soutenir, comme lorsque Babacar Gueye, victime d’une crise d’angoisse, se fait tirer 5 balles dans le corps, par la Bac de Rennes en 2015, alors qu’il attendait les pompiers.
Samedi prochain, le 4 décembre (2021), à Rennes, nous serons nombreux.euses, à dénoncer ce crime d’État pour la 6e année consécutive.
Ce même-jour, ce sera également la commémoration de Zineb Redouane, 80 ans, morte le 2 décembre 2018, des suites d’un tir de lanceur de grenade lacrymogène, alors qu’elle se trouvait chez elle, à Marseille, qu’elle ne faisait rien d’autre que vivre !

La semaine dernière, le mouvement des Gilets Jaunes fêtait ses 3 ans.Trois ans durant lesquels 32 personnes, ont été éborgnées, 6 autres ont été blessées à la main, des centaines d’autres encore blessées, traumatisées par la police, alors qu’elles souhaitaient plus de justice sociale !

Force, courage et honneur, aux blessés et aux mutilés, notamment à Mélanie, membre des Mutilés pour l’exemple et des Réfractaires, qui, avec dignité, a fait face à son oppresseur, son agresseur fasciste, le commandant divisionnaire GO CRS, en le traduisant devant le tribunal de Paris le 18 novembre dernier.
Une grande pensée aussi, aux familles endeuillées, comme celle de 
Joail, tué le 21 novembre 2017 à Vienne.
Nicolas Manikakis, tué le 21 novembre 2017 à Thonon-les-Bains.
Claude Jean-Pierre (Klodo), rendu tétraplégique le 21 novembre 2020, il décédera quelques jours plus tard.
Une pensée en ce jour à Pierre Douillard, blessé à l’oeil par un tir de LBD40, lors de la manifestation contre la loi Pécresse, le 27 novembre 2007 à Nantes. Il avait 16 ans !
Geoffrey Tidjani, blessé grièvement au visage, également à 16 ans, par un tir de LBD, le 14 octobre 2010, lors d’une manifestation de lycéens.

Tant de vies brisées, de vies volées !
Tout notre soutien, notre force et notre amour, aux familles endeuillées, qui marchent ce jour à Lyon, aux familles des blessés et mutilés, dont les dates commémoratives ou de blessures approchent.
Nous demandons réparation et justice.
Nous le répétons, nous savons qui assassine, viole, mutile et blesse !

Ensemble, solidaires, et déterminés, face à ce système agressif et corrompu, le Réseau d’Entraide Vérité et Justice, soutient la volonté de faire bloc. Contre la fascisation, où qu’elle se trouve, dans l’État ou les partis.
Nous ferons bloc avec les personnes luttant ici, là-bas, en bas à gauche, face à cet ennemi commun.

Justice et Vérité pour toutes les personnes assassinées, discriminées, exploitées,
blessées et mutilées !

Ni oubli, ni pardon !
Pas de Justice, pas de Paix !