La Poudrière

Toulouse Nécropole

Aki - 16 juin 2023

De la vieille poudrerie nationale du XIXe siècle aux géants contemporains comme Airbus, Safran ou Thalès, le païs de Nougaro est un point central du complexe militaro-industriel français. Une véritable poudrière qui, lorsqu’elle n’explose pas sur place, répand la mort et la désolation partout dans l’empire.

L’histoire de la ville rose est tâchée de sang. De la Poudrerie nationale du XIXème siècle aux géants contemporains comme Airbus, Safran ou Thalès, de grands industriels y vivent de la guerre. La Poudrière porte un regard critique sur l’histoire de ce business macabre. Tout en fabricant des engrais pendant plusieurs dizaines d’années, les industries toulousaines ont aussi produit une bonne partie des explosifs militaires français. Dans l’industrie militaro-sécuritaire les technologies dites « duales » servent autant au domaine militaire que civil et permettent des transferts de l’un à l’autre. AZF et la SNPE (Société nationale des poudres et des explosifs), usines importantes en leurs temps de l’industrie chimique Toulousaine, sont des cas d’école.

Ce documentaire est le résultat d’une recherche menée à l’université à Toulouse en 2022. J’ai voulu en faire une ressource militante tout en profitant des avantages de l’école (beaucoup de matériel et beaucoup de temps). Environ un an après mon diplôme, enquetecritique.org m’a proposé de le partager. Nous avons alors échangé sur la forme et le contenu. Après plusieurs retouches, j’en suis arrivé à cette version.
Je me suis appuyé sur quelques travaux de recherche et d’enquête : une brochure de 200 pages que vous pouvez trouver sur IAATA « Toulouse Nécropole. La production d’armement dans la région toulousaine » d’où je tire la plupart de mes informations ; une thèse de géographie et d’aménagement « De la poudrerie nationale de Toulouse au Cancéropôle. La catastrophe d’AZF dans les dynamique d’un espace industriel urbain (1850-2008) » qui est consultable à la Bibliothèque d’Etude et du patrimoine à Saint-Cernin. Cette thèse m’a surtout permis de comparer ce que j’avais lu dans la brochure et d’ajouter des informations géographiques. Pour la partie contemporaine, j’ai lu un certains nombre d’investigations journalistiques récentes : Disclose, Médiapart, Amnesty International etc…

Je ne pense pas que la guerre soit une fatalité contre laquelle il faudrait se prémunir en s’équipant militairement et que ces armes soient de simples outils. La guerre moderne existe car le capitalisme en produit les conditions et sur ce marché mondial, la France occupe une des premières places. Le complexe militaro-industriel est diffus, on le retrouve dans de nombreux aspects de notre environnement. Si la fin de mon film fait référence à des conflits extérieurs pour leurs donner une existence géographiquement proche. Plus simplement, des personnes meurent tué.es par des armes françaises et les industriels toulousains en vivent.
Ce film n’a jamais eu l’ambition d’être un travail historique méticuleux ou une enquête inédite sur les rouages du complexe militaro-industriel de la ville rose. C’est plutôt un contre-récit qui vient déranger celui d’une métropole bien propre à la pointe de « l’innovation ». Derrière son folklore, Toulouse pue le cadavre.

Aki